L'art du costume, par Tony Ferri

 

 

 

 

 

 

 

 

Je voudrais commencer mon propos par un constat : l'art du costume est un art foncièrement méconnu. Cela s'explique sans doute en partie par le fait que nous sommes dans l'époque du 'prêt-à-porter', où la mode le dispute aux comportements branchés, voire déjantés de certains. Qui aujourd'hui peut se prévaloir de porter des habits dignes du travail des artisans d'autrefois, où se côtoyaient la couture, le tissage, la broderie, la bonneterie, etc. La liste est bien trop longue ! Il serait, d'ailleurs, bien maladroit et ennuyeux de dresser un listing de tous ces savoir-faire de jadis, lorsque l'on sait que bien des gens s'en moquent aujourd'hui, et préfèrent se contenter des importations textiles massives " d'Outre-France ".
Si j'ai commencé par énoncer ce constat, ce n'est pas par hasard, bien entendu. Ceci n'avait pas d'autre but que d'insister implicitement sur le fait qu'un des grands mérites d'Isabelle est, tout à la fois, de ressusciter la beauté des costumes du passé, proches ou lointains, classiques ou insolites, et d'évoquer la vie singulière de nos aïeux. Remettre sur le devant de la scène toute cette magie des couleurs et des formes qui caractérisent les costumes d'hier, c'est aussi redonner aux temps anciens leurs lettres de noblesse. En d'autres termes, à travers son art, Isabelle ne nous donne pas seulement à contempler un florilège de couleurs fines et gracieuses, ou un festival de délicatesses tant dans les formes que dans le rendu global de chacune des robes. C'est aussi, et je l'affirme sans ambages, à une leçon d'histoire que nous invite cette artiste hors pair. Pour s'en convaincre, il suffit de se pencher par exemple sur le travail que sous-tend la robe XVIIIe. A bien y regarder en effet, on se rend compte de l'étonnante complexité de la robe, du jupon jusqu'au corps baleiné, en passant par la dentelle si exquise et mille fois fragile. On devine également ce qu'a pu être la vie de ces nobles femmes portant ces habits : nécessité d'avoir une aide pour s'habiller, importance des toilettes pour vivre conformément aux bonnes mœurs, temps de préparation indéfini, besoin de plaire, etc. Cela ne fait aucun doute : la femme d'hier avait des allures de marquise et de grande dame. Il s'agissait par là, pour elle, de montrer sa richesse, son rang et peut-être sa grandeur d'âme. Une grande dame ayant une " grand-âme ", voilà l'essentiel…
Que l'art d'Isabelle soit ici récompensé par nos louanges les plus sincères !